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PROLOGUE

New-York, 1898

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     Je venais de fêter mon dix-septième anniversaire à l'orphelinat, quand j'ai appris la nouvelle. Quelqu'un avait demandé aux sœurs, s'il y avait des garçons de plus de 15 ans à l'orphelinat. Je m'étais caché sous l'escalier, comme je le fais à chaque fois que je veux me retrouver seul, quand je les ai entendu. La mère supérieure et un homme, que je n'arrivais pas à reconnaître, discutaient tout en marchant. Lorsqu'ils passèrent devant moi, j'entendis juste ces mots, sortant de la bouche de la mère supérieure :

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« La majorité des orphelins que nous recueillons ont entre 8 et 12 ans mais il reste un garçon que nous avons recueilli il y a 2 ans, il devrait convenir à votre demande. »

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     L'homme répondit quelque chose, mais il parlait si bas que je ne pus l'entendre clairement. En entendant ces simples mots, je savais que l'on parlait de moi. Nous n'étions que 23 orphelins présents ici et j'étais le seul qui avait plus de 12 ans. Je suis arrivé il y a 2 ans suite au décès de mes parents, enfin c'est ce que l'on m'a dit. Un matin ils sont partis et ne sont plus revenus, je suis resté une semaine à la maison à les attendre tout en continuant à aller à l'école, jusqu'à ce que quelqu'un vienne me chercher et m'amena ici en me disant que je ne reverrai plus mes parents. J'ai appris très vite à vivre à l'orphelinat avec les sœurs et les autres pensionnaires mais je ne m'y sentais pas à ma place, par parce que mes parents me manquaient mais parce que je voulais découvrir le monde extérieur et que l'on ne m'autorisait pas à sortir. Si quelqu'un avait besoin de moi pour quoi que ce soit, cela allait être ma chance de voir le monde extérieur et de l'explorer à ma guise.

 

     Une semaine plus tard, on m'appelait pour me rendre dans le bureau de la mère supérieur. J'y ai rencontré l'homme qui désirait m'adopter, on m'expliqua les détails de ma sortie de l'orphelinat, je ne comprenais pas tout, mais cela m'allait amplement car j'allais enfin revoir le monde que je chérissais tant, enfin c'est ce que je croyais. À la fin la mère supérieure me serra dans ses bras, ce qui me surpris car elle avait été sans cesse sur mon dos pendant les 2 années passés ici, et me laissa suivre l'homme dont je n'avais toujours pas vu le visage. Je sortis dehors pour la première fois depuis longtemps, mes yeux se dirigèrent tout de suite vers le ciel. Le mélange de bleus qui composait ciel et du blanc des nuages me faisait penser au tableau qui était accroché dans ma chambre lorsque je vivais avec mes parents. Des larmes coulaient le long de mes joues, surement dû au fait que je n'étais pas sorti depuis longtemps et que mes yeux devaient s'adapter à la luminosité. L'homme me cria de me dépêcher, il se tenait devant un étrange véhicule totalement noir. Il me fit entrer à l'intérieur, il y avait déjà deux hommes assis dans le noir. Je me mis à la seule place restante, entre eux. La porte se ferma brusquement et là un des hommes me frappa et me mis un sac sur la tête. J'étais dans l'incompréhension et le noir complet, à peine je commencer à me débattre qu'il m'assomma.

 

     Chaque fois que je revenais à mes esprits dans le véhicule, l'un des deux hommes me frappait pour que je me rendorme. Je ne comprenais rien, qu'était-il en train de se passer ? Le monde avait-il tant changé pendant seulement 2 ans ou bien est ce juste mon ignorance qui fait que je me retrouve ici. Pourquoi cela m'arrivait à moi, je n'eus aucune réponse à mes questions. On me réveilla en me jetant un seau d'eau, je me trouvais dans un endroit aussi sombre que l'intérieur du véhicule, sauf qu'ici je pouvais sentir l'humidité dans l'air de la pièce. Quelqu'un se trouvait devant moi, il tenait un seau dans une main et une sorte de gobelet dans l'autre. Il posa le verre sur le sol, et s'en alla en fermant une grille, la pièce, où je me trouvais, était donc une cellule. J'avais dû être roué de coups, je ne pouvais plus bouger un de mes bras, il devait être cassé. Mes jambes tremblaient frénétiquement, je me sentais recouvert de bleus, la douleur était insoutenable. Je ne savais même pas depuis combien de temps j'avais quitté l'orphelinat, je n'avais pas la notion du temps dans ce sombre abysse. Le noir était quasi complet, seule une torche présente hors de ma geôle me faisait distinguer les contours du gobelet qui me faisait face. Je m'approchais difficilement de cet objet pour voir ce qu'il contenait, j'avais du mal à ramper, mes jambes ne répondaient plus à ma volonté. Le verre contenait un liquide, cela aurait pu être de l'eau ou bien tout autre chose, cela n'aurait rien changé. Je sentais que cela faisait plusieurs jours que je n'avais ni mangé ni bu alors peu n'importe le contenu de ce gobelet, il ne fut pas rempli longtemps. C'était un liquide visqueux et chaud comme du sang, je le sentais glisser le long de ma gorge jusqu'à mon estomac mais la faim, elle, était toujours présente. Je m'allongeais sur le sol, je sentais que je n'allais sans doute plus me réveiller si je m'endormais mais cela m'allait, visiblement le monde que je voulais tant voir ne voulait plus de moi, alors à quoi bon vivre. Plus rien ne me rattachait à ce monde, plus de famille, aucun ami, rien. Tous m'avaient abandonné. Alors je fermais les yeux, priant pour ne plus me réveiller. Ma prière ne fut pas exaucée.

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     Je me suis réveillé le lendemain, enfin j'en avais l'impression puisque je ne savais ni l'heure ni le jour, je ne comprenais pas. Je me suis levé, je me suis mis sur mes deux jambes, je n'avais plus mal. Que ce soit mon bras qui était cassé ou bien les nombreuses blessures que je devais avoir avant de m'endormir, elles avaient miraculeusement disparu, comme par enchantement. Choqué par cette découverte, je n'ai pas vu qu'il y avait un autre changement qui s'était opéré pendant mon long sommeil. En effet lorsque mon regard se leva pour regarder aux alentours je fus surpris, je voyais quasiment comme en plein jour. Je n'avais visiblement pas été déplacé pendant mon sommeil, j'étais donc dans la même cellule sombre et humide que quand je me suis réveillé la première fois. Je cherchais la source de lumière qui me permettait de voir aussi clair mais il n'y avait rien. Il y avait juste la torche dans le couloir qui avait peine à s'embraser, elle ne pouvait donc pas éclairer ma geôle de cette façon. Ma cellule était minuscule, les murs ruisselaient de l'humidité qui était présente dans l'air. Je m'approchais des barreaux qui me fermait ici pour voir l'étendue du couloir qui longeait ma prison, malheureusement je ne vis absolument rien de plus qu'un long couloir sans fin. Je me suis retourné et c'est là que je le vis de nouveau, le gobelet. Il était de nouveau rempli sauf que cette fois-ci je voyais nettement ce qu'il contenait. C'était un liquide rouge, couleur sang, et dès que mes yeux se posèrent dessus, une envie irrésistible de le boire pris possession de moi. Je sentais la fraîcheur du liquide coulait en moi, le goût était comparable à un nectar de fruit exotique tellement cela me fit du bien. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait ni ce qu'était ce liquide qui me faisait ressentir tant de sensations différentes à sa dégustation.

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